Je ne sais pas si vous avez déjà pris le temps de vraiment regarder "L'Amour à mort" d'Alain Resnais, mais franchement, c'est un film qui mérite bien plus d'attention que ce qu'on lui accorde. Ce qui m'agace un peu, c'est que beaucoup ne voient que la surface, alors que le réalisateur a bossé avec une équipe fidèle, des techniciens et comédiens qu'il connaissait parfaitement, ce qui donne une cohérence rare. Par exemple, le scénariste Jean Gruault, qui a collaboré avec Resnais depuis ses débuts, ou encore la musique de Hans Werner Henze qui n'est pas juste un fond sonore mais un vrai personnage à part entière. C'est pas juste un film, c'est une expérience où la musique et les images se répondent.
Ce qui me fait tiquer aussi, c'est cette idée que le film est tourné en cinémascope pour éviter le simple portrait des acteurs. Resnais voulait inscrire ses personnages dans un espace, pas juste les montrer. Et puis, le tournage en décor naturel autour d'Uzès, avec une maison réaménagée pour la salle du presbytère, ça donne une authenticité qu'on ne retrouve pas souvent. Tout ça, c'est un vrai travail d'orfèvre, mais on dirait que ça passe à la trappe parce que le film n'est pas assez grand public.
Enfin, la façon dont Resnais a intégré 52 plages musicales non figuratives, ça force le respect. Ces morceaux courts sont là pour exprimer ce que ni les dialogues ni les gestes ne peuvent dire. Et les acteurs, pendant le tournage, écoutaient cette musique pour s'imprégner de l'ambiance, ce qui montre à quel point tout était pensé dans le moindre détail. Bref, ce film est un bijou d'intelligence et de sensibilité, mais il reste trop souvent dans l'ombre. C'est dommage, surtout quand on sait que Resnais lui-même expliquait que le titre signifie que l'amour est plus fort que la mort, ou qu'il peut même la provoquer. Voilà, c'était mon coup de gueule poli du jour.